V de vedette - Tofépi

Ce petit fanzine est sorti en janvier dernier, édité par Les Taupes de l’espace, en même temps que le dernier numéro en date du Nouveau Journal de Judith et Marinette. Tofépi n’en est pas à son premier coup d’essai en matière d’objet minimaliste. Dans la formule mensuelle du journal déjà cité il avait proposé à deux reprises de monter soi-même son propre fanzine, manière ludique et peut-être un peu punk de se mettre aux côtés de l’auteur pour construire un livre.
Le style de Tofépi est aussi minimaliste, a partir d’un trait faussement naïf et simple il crée des personnages et des situations immédiatement tangibles. Comme souvent l’histoire est ici diablement simple, quelques éléments pour partir suffisent à Tofépi pour placer nombre de gags très drôles, souvent basés sur la répétition. Ce petit livre plein d’humour est une grande réussite !

On peut se le procurer dans quelques librairies bien fournies, mais aussi via le site internet des Taupes de l’espace :
http://lenouveaujournaldejudithetmarinette.fr/



Voir Nanates - Jonvon Nias

Durant l’année 2006-2007 Jonvon Nias a tenu un blog, l’objectif de ce journal était de restituer de manières diverses son installation dans la ville de Nanates (comprendra qui veut). A ma connaissance peu d’expériences poéticographiques furent aussi réussies, sur le net ou ailleurs. Jonvon Nias a su mêler des croquis, des histoires courtes et tranchantes, des “bandes gribouillées, des poèmes foutraques et des réclames [...]“, en utilisant cet outil qu’est le blog d’une façon très simple et très efficace. La vie quotidienne y fut décrite, la nouvelle ville, les nouveaux gens, la création, la solitude. Le résultat fut bien éloigné (à tous points de vue) des blogs habituels, au grand bonheur des trop rares lecteurs qui passèrent par .
Jonvon Nias a réalisé une sélection de croquis et de poèmes reprenant le cours de cette année passée dans cette ville au départ inconnue, c’est une autre façon de découvrir ce travail qui s’est étalé sur une année, et, faut-il le dire, c’est très beau et semble-t-il très juste. On ne peut que se féliciter que ces quelques pages papier aient vu le jour, chez L’Institut Pacôme.

Jonvon Nias a fait d’autres livres très intéressants, je reparlerai donc de lui bientôt.

L’ouvrage est disponible dans les bonnes librairies, et aussi ici :
http://voirnanates.canalblog.com/archives/2009/08/08/14684207.html
Le site de L’Institut Pacôme :
http://institutpacome.free.fr/
Le site de Jonvon Nias :
http://ceciestmonsite.canalblog.com/
Des choses sur Grand Papier :
http://grandpapier.org/_Nias_



Vendredi on va à Lidl - Monsieur Pimpant

C’est la rentrée, changement de couleur pour ce blog, un peu de fraîcheur avant l’automne.

En parlant de fraîcheur, voici un livre paru il y a un an, d’un dessinateur très “frais”. Vendredi on va au Lidl est l’un des nombreux récits dessinés sur le vif qu’a réalisé Monsieur Pimpant. La technique utilisée est un crayon gras, originellement dans un carnet. Monsieur Pimpant fait du dessin d’observation, et s’en sert d’une manière assez brute pour raconter des choses, on se demande parfois s’il y a un vraiment narration, mais cet objet hybride (entre le fac similé d’un carnet de croquis et le récit autobiographique) ne semble pas se soucier de cela. Monsieur Pimpant est un peu un reporter du quotidien, de son quotidien, de ce qui l’entoure. Sa matière de départ n’a finalement que peu d’intérêt, ce sont ses cadrages, sa façon d’isoler des scènes vécues, de faire ressortir des ambiances de presque rien, qui importent dans ses livres.


Cet objet est édité par French Fourch, maison ô combien recommandable. L’impression est très réussie, opération pourtant compliquée pour le rendu de ce genre de technique de dessin.
Pour acheter très vite ce livre :
http://frenchfourch.com/vendredi-on-va-a-lidl/
Le site et le blog de Monsieur Pimpant :
http://www.pimpant.com/
http://monsieur-pimpant.blogspot.com/
Ce dessinateur fait d’autres choses très différentes (entre autre de l’animation), on peut par exemple découvrir des histoires sur Grand Papier :
http://grandpapier.org/_Pimpant_



Comme un plateau - Émilie Plateau

Les curieux ont déjà pu découvrir les strips d’Émilie Plateau sur Grand Papier ou sur son blog, séquences courtes ou très courtes à l’humour noir et décalé et sous forme de regards aiguisés sur ses contemporains. Depuis quelques mois cette jeune dessinatrice propose un abonnement au fanzine Comme un plateau, brochure noir et blanc très épurée, quatre numéros sont maintenant sortis. Émilie Plateau y raconte sa vie avec un style minimaliste, sans complaisance, sans détour, et non sans humour et autodérision. C’est très fin, le trait aussi, et c’est un vrai plaisir de la suivre et de la lire dans son quotidien.
Au-dessus et en dessous les trois premières couverture (numéros 3, 1 et 2) et un extrait du deuxième numéro.

Pour se procurer le fanzine ou s’abonner, voir le blog d’Émilie Plateau :
http://www.commeunplateau.com/



Le vol c’est la propriété numéro 8 - Naz

Ce nouvel opus de la “série” Le vol c’est la propriété est sorti il y a deux mois, soit plus d’un an après le précédent numéro. D’habitude épais d’une trentaine de pages tout au plus, celui-ci fait ni plus ni moins 64 pages, toutes consacrées à raconter une journée entre amis dans un jardin, surement en été. Si Naz aime dessiner et décrire des détails du quotidien, ici il se surpasse, en trois pages à peine on entre totalement dans ces vies qui ne sont pas les nôtres et qui ne nous ressemblent pas forcément. Les détails qui créent l’impression d’immersion sont là : les discussions animées pleines de réalités, la phrase coupée par une autre, le chien qui saute en arrière plan, le pantalon qui tombe de l’une, une autre qui se roule une cigarette en arrière plan, etc…

L’une des particularités du Vol c’est la propriété, outre le fait de raconter des vies avec une précision étonnante, est d’aborder la politique (entendez sociale) avec des situations et des échanges entre ses personnages qui placent un cadre à ces réflexions. Parfois militants, musiciens, plus ou moins impliqués dans des mouvements, plus ou moins en marge du système, plus ou moins bavards, les “héros” de ces récits sont pleins de nuances. Loin du discours tout fait et bien huilé, celui du Vol c’est la propriété, par la voix de ses personnages, est plein de tonalités, de contradictions parfois, de subtilités, de raison aussi. Naz est vraiment très très fort pour brouiller les pistes, pour ne pas pointer du crayon une vérité, mais pour montrer qu’avoir une conscience politique, une pratique militante, ce n’est pas si simple et c’est très loin d’être manichéen. Tout se construit, s’affine, se déconstruit, se nourrit d’échanges, de désillusions, de luttes, de musique, de bière, et encore d’échanges.

Là où Naz est encore particulièrement doué, c’est sur son dessin et son graphisme, forts, matures, subtiles. Mélange de traits nets et précis, de motifs et de hachures, et d’aplats un peu crads. Le style de Naz a une forte identité qui sert admirablement bien le propos. Dans ce numéro 8 il va encore plus loin en jouant par exemple sur la lumière : l’histoire commençant vers midi et finissant vers minuit, les pages sont de plus en plus sombres (voir les trois extraits correspondants au début, au milieu, et à la fin), l’effet est “doublé” par les dialogues de plus en plus fournis voire virulents.

Naz est au programme du festival Périscopages, il sera exposé à la Petite Orangerie du Thabor du 13 mai au 6 juin 2010, à ne rater sous aucun prétexte !
Naz participe aussi à la revue Le Nouveau Journal de Judith et Marinette, l’histoire qu’il a dessiné dans le numéro 15 a surement été une des choses les plus fortes qu’il m’ait été donné de lire.

Pour se procurer Le vol c’est la propriété numéro 8, voir le site des éditions La Chose :
http://la.chose.free.fr/